22.4.13

Yannick Pecherand, réalisateur - Interview

Yannick il porte bien la trentaine, Yannick il habite Paris, et Yannick il réalise des films, des courts. Il en a fait 10 et il est passé maître pour nous parler d’amour avec humour en format court. Ses films à lui c’est de la poésie du 21ème. Yannick il s’appelle Pecherand et Pecherand ça rime avec intéressant, passionnant et aussi brillant. Ses films raflent les prix dans bon nombre de festivals dédiés au court-métrage. Et comme Yannick il est sympa il a accepté de répondre à quelques questions pour Kulhoo :


  Tes courts gravitent bien souvent autour du couple, où puises-tu ton inspiration ?
 

Il est toujours assez difficile de savoir d'où viennent les idées.
Lorsque j'écris un scénario, je pars généralement d'images que je souhaiterais porter à l'écran, d'anecdotes personnelles, de situations originales, mais le plus souvent, les idées surgissent de manière inconsciente. A bien y réfléchir, mes quatre derniers courts-métrages ont chacun une origine différente.
Demi-Paire par exemple, est inspiré d'une anecdote personnelle puisque je dois mon couple à une demi-paire de chaussures... Une chaussure et un lacet craqué sans lesquels je n'aurais probablement jamais revu la fille qui partage ma vie depuis près de 10 ans maintenant.
Les Oranges a également une connotation très personnelle pour moi, qui suis quasi sourd d'une oreille et atteint d'une maladie évolutive de la cornée...

L'idée de Cahuètes Choco est venue d'une publicité pour les M&M's personnalisés que j'ai découverte au cinéma... Au-delà de l'anecdote, ce film parle autant de susceptibilité que de maladresse, et des conflits que peut créer l'absence de communication au sein d'un couple. Quand au Grand Jeu, il est né de l'envie de mettre en scène un jeu de piste dans l'esprit du Fabuleux Destin d'Amélie Poulain dont je suis un grand fan... La chute m'est venue très rapidement, comme une évidence. La fin me paraissait d'ailleurs tellement convenue que j'ai failli ne jamais terminer le montage du film... et pourtant le public a adhéré avec plus de 2 millions de visionnages sur internet, des ventes TV et de nombreux prix en festivals. Avec le recul, et après discussions avec certains spectateurs, il semblerait que même si l'on peut s'attendre à la fin, celle-ci reste jouissive si l'on apprécie un minimum l'humour noir...

  Travailles-tu avec la même équipe réalisatrice pour chacun de tes courts ?

Pas vraiment, disons que l'équipe technique s'est étoffée au fil des tournages.
Jusqu'au Grand Jeu, j'ai toujours travaillé tout seul.
Depuis Cahuètes Choco, j'ai commencé à collaborer avec une petite équipe qui a évolué au gré des rencontres, des tournages et des collaborations plus ou moins fructueuses que j'ai pu avoir.
Seule une personne a travaillé sur mes quatre derniers films, il s'agit de Grégory Libessart, le compositeur.

  Justement, avec souvent une absence de dialogue, la musique joue un grand rôle

  dans tes films, parles nous de ce compositeur :

Tout à fait. Gregory est un compositeur avec lequel je travaille depuis 5 ans maintenant. Après une formation de pianiste et des études de communication, Grégory s'est spécialisé sur la musique à l'image, d'abord comme illustrateur musical pour la publicité avant de s'orienter vers la musique de film. Grégory a notamment été lauréat Emergence en 2008.

Au-delà du lien d'amitié qui nous lie, le travail avec Grégory est très enrichissant et très constructif. Pour chaque film, Gregory me propose une "palette sonore" sur la simple base du scénario. L’idée étant qu’il me livre son interprétation musicale de l’histoire indépendamment des images. Nous affinons ensuite cette palette en fonction des instruments et du rythme souhaité jusqu'à définir le thème original du film. Les compositions sont ensuite retravaillées à l'image  pour une parfaite adéquation avec le montage.
Je vous invite à découvrir les compositions de Grégory sur son site internet
http://www.gregorylibessart.com/


  
  Pourquoi avoir choisi le noir et blanc pour Le Grand Jeu ?
 
J'ai choisi le traitement noir et blanc pour deux raisons.
D'une part pour l'esthétique que dégage le noir et blanc, avec la connotation romantique qui y est généralement associée ;
D'autre part pour des raisons pratiques, le noir et blanc m'ayant permis une certaine maîtrise de l'image malgré une équipe technique inexistante : ni chef op, ni cadreur, ni preneur de son, ni script, ni régisseur, seulement la comédienne, la maquilleuse et moi....  Une expérience épuisante mais très formatrice !

  Quel est ton plus beau souvenir sur un tournage ?


Il y en a beaucoup mais j'ai une affection toute particulière pour la période où je réalisais des courts-métrages en Savoie avec mon frère ainé, infographiste de métier et talentueux réalisateur à ses heures. Nous tournions des films tous les week-ends, personne ne les voyait, mais nous étions les plus heureux. Aucune pression particulière, juste le plaisir d'être ensemble, de partager et de raconter des histoires.

Les choses sont assez différentes dès lors que l'on essaie de se professionnaliser un peu. C'est pourquoi, malgré mon ambition, je m'efforce de continuer à faire mes films comme avant, en m'entourant exclusivement de personnes partageant cette envie et cet état d'esprit.

  Et le moins bon ?

 
Le moins bon souvenir remonte au tournage de Demi-Paire, ou plutôt l'après tournage, lorsque je me suis aperçu, après avoir rendu le matériel de location, que j'avais effacé par erreur la carte mémoire de la caméra contenant la moitié des rushs du film. Après une nuit blanche de recherche sur le net, -et après avoir réussi à intercepter au petit matin la carte mémoire avant qu'elle ne reparte pour un autre tournage-, j'ai pu récupérer par miracle, pas moins de 16go de vidéos effacées grâce à un petit logiciel génial acheté sur internet... Logiciel sans lequel Demi-Paire n'aurait jamais vu le jour.


  Et pour finir, partagerais-tu avec nous ton dernier coup de cœur cinéma ?

Je n'ai malheureusement pas beaucoup eu le temps de voir des films dernièrement.

Mes derniers coups de cœur remontent probablement à Django Unchained de Quentin Tarantino ou encore Les Bêtes Du Sud Sauvage de Benh Zeitlin, sorti fin 2012.
Concernant les films à venir, j'attends beaucoup de l'adaptation de L'Écume des Jours par Michel Gondry, dont je suis également un grand fan, pour sa créativité, sa passion et bien sûr ses films, à commencer par Eternal Sunshine Of The Spotless Mind, qui est pour moi, l'une des plus belles histoires d'amour que j'ai vue au cinéma. Et dieu sait si j'aime les histoires d'amour !


Vous pouvez suivre Yannick Pecherand sur son blog : http://keratoconepictures.over-blog.com



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire