26.5.15

SURVIVOR by Alexsandro Palombo


L'artiste italien Alexsandro Palombo a pour coutume de dénoncer les maux de notre société actuelle. Sa nouvelle série d'illustrations,Survivor, met en scène les héroïnes de nos dessins animés arborant avec courage cicatrices de seins amputés et ruban rose symbolisant le cancer du sein. Un bel hommage aux survivantes de cette maladie et un acte de sensibilisation au dépistage. 
Retrouvez l'intégralité de son travail artistique et activiste sur son blog.










20.5.15

Myriam Underwood, fondatrice de JUSTE - Interview

 

Myriam Underwood a engagé une révolution Juste, celle du textile. Cette marque propose une alternative saine et responsable à notre (sur)consommation de vêtements, basée sur une logique de traçabilité et donc de transparence sur l'impact environnemental et les conditions de travail. 
Produire et consommer, oui mais avec sens et raison. 
Une prise de conscience made in France qui fait du bien !




    Quelle est l’origine de ton envie de militer pour une industrie responsable ?

En travaillant pour une marque de prêt-à-porter en tant que Chef de produit, j’ai commencé à me poser des questions sur qui étaient ces hommes et ces femmes qui fabriquaient nos vêtements qui revenaient de Chine à un prix incroyablement bas. Je me suis rendue compte que j’étais complètement déconnectée des usines, des travailleurs, des process, … et aussi du produit dont je ne connaissais finalement pas les étapes de production. Parallèlement, j’ai commencé à m’intéresser aux conditions des travailleurs du textile dans le monde, aux produits chimiques utilisés dans la fabrication des vêtements, aux certifications textiles existantes et aux problèmes environnementaux liés à la production textile dans le monde. J’ai été effarée parce que j’ai découvert et j’ai décidé de m’atteler, à ma toute petite échelle à essayer de faire changer les choses.

    L’idée venue, par quelles étapes es-tu passée pour engager la "révolution" ?

J’ai été accompagnée sur mon projet en tant que demandeur d’emploi pour les côtés administratifs, juridiques, comptables,… et en parallèle, j’ai peaufiné mon projet. Pendant plus d’un an, j’ai contacté des dizaines d’usines françaises pour trouver tous les sous-traitants qui soient capables de travailler le lin et la laine et qui acceptent de collaborer avec une jeune créatrice. J’ai fait de nombreux essais auprès de plusieurs usines avant d’arriver à fabriquer un prototype qui soit "portable".

    Souffrant de la délocalisation, le savoir-faire textile existe-t-il encore en France ?

En France, tout le savoir-faire autour du 100% lin avec un traitement naturel a quasiment disparu alors que nous sommes le premier producteur de lin au monde ! Et j’ai rencontré les mêmes difficultés autour de ma collection d’hiver en 100% laine mérinos. Les usines françaises souffrant de la concurrence principalement asiatique ont soit fermé, soit vendu leurs machines. Les ouvrières âgées sont parties en retraite sans partager leur savoir-faire. Il y a des techniques de tricotage qu’on peut faire réaliser au Portugal, en Italie, en Chine, mais plus en France.

     Tu défends une consommation citoyenne et solidaire, en somme ta conviction est
    "consommer moins mais consommer mieux", que symbolise ce discours ?
 
Aujourd’hui on achète beaucoup plus que ce dont on a réellement besoin et cela entraine des dommages irréversibles pour l’environnement. La mode "jetable" qui est malheureusement de plus en plus la norme encourage les chaînes de textile à délocaliser leur production dans des pays où la main d’œuvre est toujours moins chère. Aujourd’hui, c’est en Corée du Nord où les ouvriers travaillent en échange de nourriture. A contre-courant de ce système, il existe des marques qui respectent les travailleurs, la santé des travailleurs et des clients et l’environnement. Mais en premier lieu, il me semble qu’il faut acheter uniquement ce dont on a besoin.

    "Sweatshop" ("Atelier de misère"), diffusé en Norvège, mettait en scène 3 jeunes 
    blogueurs mode faisant l’expérience des conditions inhumaines de l’industrie
    textile dont ils ne préoccupaient pas jusque là. En 2015 à quel niveau situerais-tu la
    prise de conscience des consommateurs ? 

Le fait qu’il existe une télé-réalité qui raconte la vie des travailleurs dans ces sweatshop est la preuve que le public s’y intéresse. Ces dernières années, les documentaires sur ce sujet sont de plus en plus fréquents. Il y a une réelle prise de conscience de l’envers de la mode. Pour la nourriture en tous cas, c’est flagrant, le nombre de personnes qui souhaitent une traçabilité a considérablement augmenté. Pour la mode, ça commence !

               

     Pour tes collections estivales tu as choisi le lin. Peux-tu nous dire pourquoi il se
    révèle être la matière qui représente le plus d’avantages écologiques ? 

Le lin est une matière extraordinaire qui est intrinsèquement écologique. La fibre de lin pousse sans eau et quasiment sans intrants chimiques. Sa transformation est entièrement mécanique, contrairement aux matières non naturelles qui demandent un traitement chimique. « Autre avantage : en véritable puits de carbone, un hectare de lin retient chaque année 3,7 tonnes de CO2, soit l’équivalent des émissions de trois voyages en avion de Paris à Moscou »*.  Il permet même d’améliorer le sol pour les cultures suivantes ! En plus, dans la tige, absolument chaque partie du lin est utilisable ! Le bois, la poussière ou les graines qui restent de la tige sont vendues ou données pour servir aussi. Enfin, c’est la seule matière qui pousse localement puisque le France est le 1er producteur de lin au monde.

    Les collections se développent, quels sont les nouveaux projets à venir ?

Je prépare une collection bébé en laine pour la rentrée ! Et j’aimerais sortir une petite collection maison pour ce Noël. 

    Pour le moment, les vêtements JUSTE ne sont disponibles que l'e-boutique ?

Oui, malheureusement, le coût de production est tellement élevé que je ne peux pas faire de la vente en gros à des détaillants. Sinon, le prix du produit serait multiplié par 2. Nous faisons des ventes en CE d’entreprise à Toulouse ou en Biocoop. Nous participons aussi à des ventes lors d’événements ou de marchés créateurs. J’invite les lecteurs intéressés par JUSTE, la révolution textile à s’inscrire à notre newsletter ou sur nos réseaux sociaux pour les connaître !